dimanche 21 mars 2010

NOMO à St Ouen (8/03/10)


Prenez une bonne pincée d'Afrobeat, mélangez avec l'énergie primitive du rock allemand des années 70, ajoutez-y une cuillèrée de Miles Davis - période "On the Corner", n'oubliez pas les boucles répétitives à la Moondog, ni un zeste de freejazz déjanté à la Sun Ra, nappez le tout avec une sauce Konono N°1....
...et vous obtenez NOMO, un des mes groupes préférés du moment !

NOMO s'est produit le 8 Mars dernier à St Ouen (Mains d'Oeuvres).
C'était leur premier concert en région parisienne.


NOMO est un groupe US, originaire d'Ann-Arbour dans le Michigan, qui constitue un exemple parfait de ce qu'on pourrait appeler la Sono Mondiale.

Ils ont développé un son unique, progressant d'album en album....et, ma foi, ils sont vraiment prolifiques !



Difficile en effet de qualifier leur style ! Même si leurs influences (revendiquées!) donnent une première idée !
Disons que les cuivres et les effets électroniques (mbiras, kalimbas amplifiées - une fabrication maison !) cohabitent sur une rythmique musclée (2 batteurs!) pour donner une musique originale, à la fois lyrique et entraînante.


Respect total envers Elliot Bergman, le leader (au look christique) du groupe, multi-instrumentiste et responsable de toutes les compos !
Mais ses acolytes ne sont pas à négliger non plus !
En tout cas, le concert audonien a été brillant, finissant au milieu du public et a capella s'il vous plait !


Cerise sur le gateau, leurs CDs ont des pochettes superbes, notamment les 2 dernières "à la Rothko".

Bref, des p'tits gars bien sous tous rapports !

dimanche 7 mars 2010

"Sweet Sweetback's Baadasssss Song" à Créteil (21/02/10)

"Sweet Sweetback's Baadasssss Song" est considéré comme un des (voire le) films fondateurs de la blaxpoitation, ce genre cinématographique nord-américain des années 70 qui avait pour originalité d'être destiné à un public "noir urbain".
La Maison des Arts de Créteil, dans le cadre du festival Sons d'Hiver, a proposé une re-création de ce film sous la forme ... d'un opéra. Les deux premières mondiales ont eu lieu les 20 et 21 Février 2010.

C'était évidemment un événement à ne pas manquer, d'autant plus que la partie musicale était assurée par le collectif Burnt Sugar.


Mais revenons d'abord aux basiques :
"Sweet Sweetback's Baadasssss Song" est un film tourné avec un tout petit budget (et interprété) par Melvin Van Peebles , qui a rencontré un succès phénoménal en 71. Ce qui a donné des idées aux producteurs de Hollywood...
Dans les faits, c'est plus un film revendicatif qu'un objet commercial et, en cela, certains experts considérent qu'ils n'est pas le premier film de Blaxpoitation, lequel serait en fait "Shaft".


Alors que, pour simplifier, les noirs au cinéma étaient précédemment cantonnés aux rôles de méchants, avec les films Blaxpoitation ils tenaient enfin leur revanche puisque le héros, même si c'était un bandit, un maquereau, un dealer... qui évoluait dans un milieu interlope, était noir, beau, costaud et ... à peu près invincible.

Les films de "Blaxpoitation" ont fait un carton au début des années 70. Tous les genres ont été passés à la sauce "Blaxpoitation", des polars aux films d'horreur.
Le genre a ensuite périclité jusqu'à disparaître complétement des radars à l'aube des années 80.



Ces dernier temps, le mouvement Blaxpoitation revient en force au cinéma mais aussi au travers de la musique : un des signes avant-coureur étant "Jackie Brown" de Tarantino, suivi plus récemment d'un remake de "Shaft" et l'an dernier de "Black Dynamite".
Au niveau musical, la Blaxpoitation a donné l'occasion aux stars black de l'époque (I.Hayes, C.Mayfield, J.Brown, ..) de composer des B.O luxuriantes et funky qui font, depuis des lustres, le bonheur des DJs et inspirent égalemeny un revival chez des jeunes musiciens (voir les Menahan Street Band, El Michels Affair at en France les Troublemakers).

La super compilation "Can you Dig it ?", sortie l'an dernier, donne un panorama complet du genre, et possède également un livret super bien fait et abondamment illustré : un must absolu !


Pour en revenir à l'opéra "Sweet Sweetback's Baadasssss Song", cela a vraiment été un super moment - la musique était vraiment nickel, les interprètes plein de charisme et de conviction, la mise en scène avait certes un côté "cheap", mais c'est ça qui en faisait le charme, bref... that was really really cool, brother !
Qui plus est, les musiciens de "Burnt Sugar" ont participé activement à la partie scénique, ce qui a donné une atmosphère vraiment bon enfant au spectacle - même si l'histoire est en fait assez sombre.
Ne manquait que les sur-titres pour les nigauds qui, comme moi, n'avaient pas vu le film original ou lu le synopsis !
Cette lacune sera sans doute réparée si, un jour, on récrée "Sweet.." à l'Opéra Bastille....
A la fin du spectacle, le public ravi a donné une ovation à la nombreuse troupe, bientôt rejointe par ce vieux pirate de Melvin Van Peebles qui, à ce que je crois, partage sa vie entre la France et les US.
Ceci explique sûrement pourquoi c'est la France (Cocorico !) qui "sponsorise" cette (re-)création.
Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de voir le spectacle en live, séance de rattrapage sur :