dimanche 26 avril 2009

La littérature de cordel

La littérature dite "de cordel" est une des manifestations culturelles les plus attachantes du Nordeste brésilien.
De Salvador à Fortaleza en passant par Recife, on trouve encore sur les marchés quelques étalages où des fascicules colorés (appelés "folhetos") attirent notre attention.


Il s'agit d'un genre populaire de littérature (en vers), plus que centenaire, descendant de la littérature de colportage que les portugais ont amené au Nouveau Monde.
La dénomination "cordel" viendrait des ficelles sur lesquelles on accrochait les folhetos dans les foires populaires.




Même si, historiquement, les auteurs des folhetos étaient souvent des poêtes analphabètes qui dictaient leur texte, le cordel est en fait un genre extrêmement codifié, de par les thèmes abordés et également de par la structure des vers.
C'est maintenant le sujet d'un grand nombre de recherches universitaires, au Brésil mais aussi en France !


Pour ce qui est de la stucture des vers, voir :
http://pt.wikipedia.org/wiki/Literatura_de_cordel
Pour ce qui est des thèmes abordés, voir :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Littérature_de_cordel



Les folhetos sont à la fois informatifs et divertissants.
Ils peuvent traiter de l'actualité la plus récente (victoire du Brésil à la coupe du Monde, accident mortel de tel chanteur), des héros du Nordeste (tels que Lampiao et Maria Bonita), de légendes rurales (l'homme qui a vu..), de satire politique, d'histoires salaces,...
Bref, c'est tout un univers qui se déploie sur quelques pages (entre 8 et 32) , parfois mis en chanson par des "repentistas".


Un des intérêts de la littérature de cordel réside dans les couvertures faites, pour la plupart, à partir de xilogravures exécutées par des artistes fameux (tels que J.Borges) et qui donnent envie d'acheter le folheto même si on ne parle pas le portugais !


A cause du "progrés" technique (radio, tv,..), la littérature de cordel est petit à petit tombée en désuétude et a failli disparaitre il y a quelques dizaines d'années.
Heureusement, elle trouve maintenant un nouvel élan, grâce à l'obstination de passionnés : poêtes, éditeurs, universitaires, dessinateurs,.. qui nous prouvent que même à l'ère de l'internet, ce genre typiquement nordestin reste d'intérêt général.
http://www.ablc.com.br/


Bienvenue à São Félix



La ville de São Félix est indissociable de Cachoeira.
Les deux cités sont certes séparées par le fleuve Paraguaçu mais dès qu'on sort du Recôncavo, on a tendance à les englober dans une super-agglomération "Cachoeira - São Félix" dont l'avenue principale serait le pont de chemin de fer Dom Pedro II...



Et pourtant, São Félix est à Cachoeira ce que Garfunkel est à Simon, ou bien Bill à Hillary Clinton, à savoir un siamois nettement moins doué et qui fait vaguement honte, mais dont on n'arrive pas à se débarasser.
C'est en tout cas le point de vue des habitants de Cachoeira...



On grossit le trait mais il y a bien une rivalité entre les 2 villes et à ce petit jeu, São Félix a quand même des atouts à faire valoir.
Le premier de ces atouts - indiscutable même par l'habitant de Cachoeira le plus chauvin - est une vue imprenable sur Cachoeira...


C'est aussi à São Félix qu'est située la gare routière pour Salvador (et non à C....) et j'aime bien personnellement le marché aux bestiaux.


Ce ne sont heureusement pas les seuls atouts de São Félix et on doit citer en priorité la fabrique de cigares Dannemann, toujours en activité - ce qui n'est malheureusement plus le cas de celles de Cachoeira !




La fabrique Dannemann abrite, en outre, un des événements "branchés" du Recôncavo : la biennale d'art contemporain, qui montre toute la vitalité artistique de la région.
http://www.centroculturaldannemann.com.br/



Bref, si vous visitez un jour Cachoeira, n'hésitez pas à traverser le pont - même si c'est une expérience traumatisante pour certains.
Au gré des promenades que vous ferez à São Félix, vous rencontrerez des gens aussi sympas qu'à Cachoeira...

lundi 13 avril 2009

São Francisco do Paraguaçu

Le Recôncavo réserve toujours plein de surprises à qui prend le temps de le découvrir.
Le couvent Santo Antônio situé à São Francisco do Paraguaçu (dans le district d'Iguape - Commune de Cachoeira) en est une.
Bien qu'un peu délabré, sa situation au bord du rio Paraguaçu fait de ce couvent une destination bien sympathique pour une excursion à partir de Cachoeira.



Comme c'est jour de marché à Cachoeira, nombreux sont les habitants du district d'Iguape qui prennent le bus pour aller se ravitailler dans la "grande" ville.
Aujourd'hui, un collectionneur de balais est visiblement allé faire ses courses.


Pour rejoindre Iguape, la route devient rapidement un chemin de terre, relativement "tape-cul".
On y croise des coupeurs de canne avec leurs grands couteaux, on se croirait dans le film "Eu, tu , eles" (en vf : la vie peu ordinaire de dona linhares).
Il parait qu'il vaut mieux éviter de fréquenter cette route la nuit, on veut bien le croire...


Des nouveaux voisins à l'arrière du bus...



La ville de Santiago d'Iguape, qui a eu son quart d'heure de célébrité en France puisque l'émission "fourchette et sac à dos" lui a consacré quelques minutes.
Pour les fans de l'émission, c'est là que Julie Andrieu a appris à faire la moqueca.
L'église "Matriz" (que l'on voit sur la photo) est située au bord de la rivière, mais il vous faudra regarder l'émission pour juger de la beauté de ce spectacle car l'auteur de ce blog n'a pas cru utile de vous en faire un cliché (enfin, c'est l'explication officielle).


Arrivée à São Francisco : Il est environ 13h et on ne peut pas dire que la ville déborde d'activité !
Pour plus d'infos (en portugais) sur la ville : http://www.faced.ufba.br/~bibjas/sao_francisco1.html


D'accord : j'ai peut-être jugé trop hâtivement !


Le Rio Paraguaçu, objectif de la ballade !
L'activité principal du village est, on l'aurait deviné, la pêche artisanale.
Note : Sur l'autre rive, il y a la ville de Maragojipe. Il paraît qu'on peut la rejoindre en bateau à moteur.



Le fameux couvent Santo Antônio serait le premier couvent franciscain du Brésil.
Cet ensemble architectural, l’un des plus anciens de Bahia, date du 17ième siècle et se situe sur un emplacement qui a vu défiler bien des pages de l'histoire de cet état (lutte entre les indiens et les portugais, lutte entre les portugais et les hollandais).


Des personnages énigmatiques : est-ce une représentation des premiers occupants de la région ?

dimanche 5 avril 2009

Cachoeira - le rio Paraguaçu à 5h55 du matin


La Fraternité de la Boa Morte; exemple de la grande richesse culturelle du syncrétisme religieux bahianais.

(Texte et photos de Lise Lobo - Traduction du post précédent)



La Ville de Cachoeira (Bahia) préserve dans ses murs une des manifestations les plus riches du Brésil ; La Fête de la Boa Morte (la Bonne Mort). Une fête célébrée par des femmes adeptes du candomblé, mais dans des lieux de culte catholiques.


Cette célébration a commencé à l’époque du mouvement abolitionniste.
Aujourd'hui encore elle garde ses traits caractéristiques, marqués par la souffrance d'un peuple qui a combattu pour obtenir sa liberté, qui a résisté et s'est rebellé contre les souffrances imposées par le régime esclavagiste, allant du travail forcé aux punitions et aux mutilations.
Le sens donné à cette célébration est donc rigoureusement le remerciement à Notre Dame, pour une liberté retrouvée après beaucoup de sacrifices.


La Fraternité de la Boa Morte se compose exclusivement de femmes, en règle générale agées de plus de 40 ans et descendantes d'esclaves.


Les soeurs se consacrent corps et âme à leur dévotion envers Notre Dame. Pour elles, la préparation et la tenue de la fête de la Boa Morte constitue un devoir, une obligation qui doit être accomplie chaque année (vers le 15 Août), pour tenir la promesse faite par leurs ancestres.


Les cérémonies se caractérisent par leur extraordinaire richesse, en commençant par les costumes spéciaux et les bijoux portés par les femmes, jusqu'aux dîners offerts à la maison de la Fraternité et à la samba-de-roda.
La programmation de la fête est pleine d'événements, ceux-ci toujours suivis par une foule de touristes, dévots, curieux, cachoeiranos,.. et les médias locaux.
Elle inclut notamment la confession dans la Cathédrale (ou “Matriz”), un premier défilé en hommage au décès de Notre Dame, une Veillée, un dîner, un second défilé représentant l'enterrement de la Sainte. Ensuite, est célébrée l'ascension de Notre Dame, suivi d’un troisième défilé et d'une messe dans la Cathédrale.


Ce sont des événements indescriptibles, chargés de foi et de dévotion. Tradition qui pourra, on l’espère, se perpétuer longtemps.
http://pt.wikipedia.org/wiki/Irmandade_da_Boa_Morte

Irmandade da Boa Morte; grande riqueza cultural do sincretismo religioso

(Texto & Fotografias de Lise Lobo)






A Cidade baiana de Cachoeira preserva em suas ruas uma das manifestações mais ricas do País; A Festa da Boa Morte. Uma festa feita por mulheres de candomblé, mas num cenário católico.





Celebrada desde os primórdios do movimento abolicionista. Ainda hoje ela preserva seus traços característicos e particular, marcados pelo sofrimento de um povo que lutou para alcançar a sua liberdade, que resistiu e se rebelou contra os sofrimentos impostos pelo regime escravagista, desde a jornada de trabalho nas senzalas aos castigos e mutilações. E é justamente este o significado da comemoração, o agradecimento a Nossa Senhora, pela liberdade conseguida com muita dificuldade.



A Irmandade da Boa Morte é composta unicamente por mulheres, geralmente acima de 40 anos e descendentes de escravos. As irmãs se dedicam de corpo e alma à devoção de Nossa Senhora e têm a concretização da festa como um dever, uma obrigação que deve ser cumprida todo ano, para pagar a promessa feita pelos seus ancestrais.



As cerimônias são carregadas de extraordinária riqueza, desde os trajes especiais e jóias que as mulheres usam a cada dia, até as ceias oferecidas na casa da irmandade e o samba-de-roda.



A programação da festa é cheias de acontecimentos, estes sempre envoltos de turistas, devotos, curiosos, imprensa, cachoeiranos. Inclui a confissão na Igreja Matriz, um cortejo representando a morte de Nossa Senhora, uma vigília, ceia e uma procissão do enterro da santa.
Depois, é celebrada a ascensão de Nossa Senhora, seguida de procissão e de uma missa na Igreja Matriz da cidade.


São acontecimentos indescritíveis, carregado de fé e devoção. Tradição que deve perpetuar por muitos e muitos anos.
http://pt.wikipedia.org/wiki/Irmandade_da_Boa_Morte